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Il est rigide et léger à la fois. Il est hygiénique, il est pratique, il est recyclable. On peut le fixer au porte-bagages pour en faire une corbeille, on peut y empiler des machins à descendre à la cave, on peut le briser à coups de latte pour en faire du petit-bois. Ah ! Combien de cageots furent sacrifiés sur l'autel graisseux des barbecues du dimanche ! Cependant, du point de vue esthétique, il (le cageot) ne fait pas l'unanimité. C'est qu'un jour, quelqu'un a cru bon de le comparer aux filles les plus laides. Celui-là devait être un imbécile. Car, c'est évident, le cageot est  beau. Quoi, vous en doutez! Quoi, vous n'avez jamais remarqué les somptueux motifs sérigraphiés sur les flancs de ces boîtes! Quoi, vous ne vous êtes jamais arrêtés à la beauté des choses ordinaires! Alors filez vite à la Maison des Architectes, au 130 de l'Avenue du Prado. A partir du samedi 18 janvier, vous y verrez les fascinants photomontages que Luc Barras a réalisés à partir des caisses de bois blanc qui d'Espagne, de Bretagne ou d'Italie nous apportent fruits et légumes. Avec lui, vous comprendrez comment, entre les agrafes et les échardes, chacun peut recomposer son histoire et son voyage. Et vous ne regarderez plus jamais les fins de marché de la même façon.

 

Michéa Jacobi (dans « L ‘Hebdo », rubrique « Le piéton de Marseille », semaine du 15 au 21 janvier 2003)

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